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Peer learning : qu’est-ce que c’est ? Focus sur la collaboration et l’échange de connaissances

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Derrière l’expression anglaise peer learning, on retrouve la notion d’apprentissage par les pairs. Cet article va se consacrer pleinement à la définition et à la présentation de cette méthode pédagogique, qui se veut à la fois dynamique et interactive. Fédératrice, novatrice aussi, elle place les apprenants au cœur du processus d’apprentissage. 

Nous tenons à mettre en lumière les valeurs centrales du peer learning, ainsi que ses atouts. Il faut noter que la transformation digitale rend cette solution plus facile à adopter que jamais. Cela implique tout de même une bonne organisation, et l’observation d’une flexibilité par les acteurs.

Bien sûr, selon les formations, cette démarche prendra une place plus ou moins importante. Mais il serait dommage de ne pas l’envisager au moins. Elle recèle un véritable potentiel, ne serait-ce qu’en termes de motivation et d’engagement. Explications. 

Qu’est-ce que le Peer Learning ?

Le peer learning est une approche pédagogique reposant sur un principe éminemment social. Les apprenants s’engagent dans un processus de transmission et d’assimilation selon une dynamique mutuelle. 

Selon cette configuration, chaque apprenant s’avère à la fois enseignant et élève, partageant ses connaissances et expériences avec ses pairs. Par la même occasion, il acquière de nouvelles perspectives. 

En somme, l’apprentissage par les pairs fait de l’interaction, de l’échange et de la collaboration ses fers de lance. Le tout sans qu’un formateur ou un enseignant traditionnel n’occupe un rôle central. 

Cette formule prendre diverses nuances et applications. Elle encourage aux discussions de groupe, aux projets collaboratifs, au tutorat entre pairs, ou encore aux évaluations sans « médiateur » professionnel. 

Ces quelques bases établies, voyons quels sont les avantages principaux découlant de ce cette mécanique collaborative. 

Bon à savoir

Nous avions déjà évoqué cette thématique dans cet article, datant de 2022. Il nous a paru important de revenir sur le concept, néanmoins. En effet, les technologies liées à la formation ne cessent d’évoluer. Depuis, notamment, l’intelligence artificielle s’est greffée à l’équation. Elle peut donner au peer learning une autre dimension. Nous y reviendrons. 

Quels sont les avantages du peer learning ?

L’apprentissage entre pairs offre de multiples avantages pédagogiques. En voici un éventail non-exhaustif, sachant qu’on ne peut exclure certaines exceptions et quelques « insuccès ». Nous y reviendrons. 

  • À priori, le peer learning permet d’améliorer la compréhension des concepts, grâce à une horizontalité rassurante.
  • Il offre également l’occasion de développer des compétences sociales. Plutôt que de rester passive/passif, l’apprenante ou l’apprenant s’engage pleinement dans le processus d’acquisition des savoirs.
  • Cela s’accompagne d’un affinement des capacités cognitives. Le cerveau doit emprunter des voies inédites et combinées. Un concept appris au temps (t1) deviendra un concept à transmettre au temps (t2), quelques heures voire minutes plus tard.

Les conditions sont réunies pour renforcer l’engagement et la motivation des apprenants, comme on l’évoquait ci-dessus. Cette méthode crée un terreau fertile pour la rétroaction constructive (un retour sur ses erreurs et/ou ses difficultés dans une optique de progression proactive) et le développement d’un esprit critique. 

Si tout se passe correctement, une cerise se hisse sur le gâteau. La communauté d’apprenants peut devenir plus solidaire. La dynamique classique de rivalité s’efface au profit d’une collaboration. 

Bien que tout ceci soit enthousiasmant, il faut tenir compte de certaines limites. Il est temps d’examiner cette contrepartie. 

Peer learning : limites et défis

Bien que le peer learning offre une vraie piste de diversification, il peut également rencontrer des obstacles. 

Et pour cause : 

  • La dynamique de groupe influe grandement le bon déroulement des « opérations ». Échanger entre pairs demande, à ce niveau, un vrai sens du respect et une propension à l’empathie. Ainsi, en cas de conflits (antérieurs ou inhérents au processus), la progression des apprentissages est parasitée.
  • La qualité des échanges n’est pas toujours garantie. On peut difficilement attendre des élèves qu’ils parviennent systématiquement à se rendre limpides face à leurs camarades. Dès lors, on ne saurait faire peser toute la charge du programme sur leurs épaules.
  • Les apprenants n’ont, à de rares exceptions près (une formation continue pour les enseignant, par exemple), pas de compétences en didactique. L’enseignement est un métier à part entière. Il serait utopique de chercher un professeur accompli en chaque élève. 

Voilà pourquoi il reste essentiel d’accompagner les apprenants dans le développement de leurs compétences collaboratives. Il faut impérativement les guider dans la manière de donner, de recevoir et de construire.

Le tuteur (formateurs, enseignants, etc.) n’est pas voué à disparaître. Car sans lui, le travail coopératif risque de prendre une direction erronée.  

C’est aussi ce professionnel qui sait définir des critères d’évaluation clairs. Il a appris les subtilités d’un suivi régulier. Celui qui peut contribuer à maintenir un niveau élevé de qualité pédagogique.

Peer learning : bilan intermédiaire

Voici ce qu’il est important de retenir à ce stade :

  • Le peer learning est une bonne méthode complémentaire, sans être un modèle pédagogique complet et auto-suffisant.
  • Il faut garantir un environnement propice à l’échange des connaissances (respect, écoute, bonne foi…).
  • S’il s’efface davantage que dans le cadre d’un enseignement traditionnel, le professeur reste indispensable. 

Qu’en est-il maintenant des moyens à déployer pour maximiser l’efficacité d’un apprentissage entre les pairs ? Concentrons-nous sur les possibilités digitales. 

Comment intégrer le peer learning à la formation ?

Pour mettre en œuvre le peer learning, plusieurs formats pédagogiques existent. 

On pense notamment à la classe inversée. Pourquoi ne pas inviter un élève à créer une capsule vidéo dans laquelle il explique sa vision, sa perception, sa compréhension d’un sujet ? Le formateur vérifie la pertinence de ce petit prologue, et peut le compléter par ses propres connaissances.

À une échelle plus générale, le peer learning trouve place parmi les formations mixtes. Car oui, on peut envisager cette variation en présentiel, à distance, ou dans un format hybride. C’est à vous de déterminer, en tant que tuteur ou concepteur pédagogique, ce qui semble correspondre le mieux. 

Quoi qu’il en soit, les solutions numériques éducatives sont propices à l’expansion des exercices, des contributions, des échanges entre pairs. Les plateformes LMS (Learning Management System) déclinent des possibilités multiples. Il est parfaitement possible (et même judicieux) d’envisager l’intégration de cette pratique aux MOOCs (massive open online courses) ou aux SPOCs (Small Private Online Courses), tous deux tournés vers l’innovation. 

La logistique et la planification au service du peer learning

Il faut absolument noter que sans une logistique adaptée, l’échange entre les pairs sera moins porteur. Rien ne vaut l’établissement d’un planning clair et accessible. Restez aux « manettes » de l’enseignement, pour que ces moments horizontaux ne soient jamais synonymes de confusion.

Encore une fois, le professeur doit rester un médiateur. Une instance intermédiaire. Il permet de donner du sens aux apprentissages. Il met aussi de « l’ordre », si on peut dire, dans les modalités

L’émergence des intelligences artificielles 2.0 laisse entrevoir de nouvelles possibilités. Et si deux apprenants posaient la même question à ChatGPT, pour ensuite comparer les résultats ? De cette manière, ils détecteront les subtilités se nichant entre deux « productions » du chabot. Une simple différence de vocabulaire, de hiérarchisation, peut faire l’objet d’une discussion. 

Les IA génératives comme Dall-E peuvent étendre les possibilités ludiques et interactives. Imaginons une démarche pédagogique où les étudiants intègrent certains concept-clés (typiquement des mots de vocabulaire au moment d’apprendre une langue) à un prompte. Ils feront alors deviner le contenu des prompts en question à leurs camarades, à partir des images. Sans oublier l’importance de la patte artistique humaine quand c’est possible, il va sans dire 😉

Le peer learning : désacraliser le savoir, mais en prendre soin

Le peer learning répond très bien aux attentes des apprenants modernes. Ceux qui recherchent des expériences d’apprentissage plus engageantes. Plus significatives. 

En devenant acteur de son apprentissage, l’élève, l’étudiant, le participant à une formation continue peut trouver un nouvel intérêt à son statut d’élève. Car le statut en question devient beaucoup plus mobile. L’individu ne se contente plus de « recevoir ». Il apparaît, en quelque sorte, comme un relai, et participe à la dynamique pédagogique des leçons. 

Tant que l’on ne mise pas tout sur l’apprentissage par les pairs, il présente un intérêt considérable. N’hésitez pas à explorer cette piste – elle aide à voir l’école (dans un sens large du terme) autrement. De manière plus vivante et stimulante.